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«Chemical Landmark» décerné à Eawag

27 février 2024 | Andres Jordi, SCNAT / Andri Bryner, Eawag

L’Académie suisse des sciences naturelles distingue l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau de Dübendorf comme site emblématique de l’histoire de la chimie. Sous l’impulsion de son directeur Werner Stumm, l’Eawag a révolutionné la discipline en introduisant la chimie environnementale. Il a ainsi contribué considérablement à la compréhension des processus naturels complexes et à la propreté des eaux suisses.

Überlandstrasse 133, Dübendorf : c’est à cette adresse que l’Institut de l’eau a écrit l’histoire de la chimie. C’est pourquoi l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) lui décerne aujourd’hui le Chemical Landmark. Ce prix est la récompense des sites suisses emblématiques de l’histoire de la chimie.
 

Fondé en 1936, l'Eawag a emménagé en 1970 dans les nouveaux bâtiments du Chriesbach à Dübendorf, à l'avant le bâtiment des bureaux, à l'arrière celui des laboratoires. En arrière-plan, le RER en construction. (Photo : Eawag)

De l’éprouvette à la nature

Si la Suisse possède des rivières et des lacs aussi propres aujourd’hui, elle le doit en partie à l’Eawag et à Werner Stumm, qui a dirigé l’Institut de 1970 à 1992. Chimiste de formation, il était d’avis que la compréhension des phénomènes environnementaux passait par l’étude des processus moléculaires sous-jacents. Dans leur laboratoire de recherche, ses condisciples et lui-même ont passé à la loupe les cycles complexes de la matière et les liens de causalité dans la nature. Très vite, ils ont compris que la chimie ne suffirait pas et qu’ils devaient aussi prendre en compte les composantes géologiques, biologiques, physiques et écologiques pour les étudier. C'est à partir de là que l’Eawag est devenu un pionnier dans l’étude holistique et pluridisciplinaire des phénomènes et problèmes environnementaux. Le nouveau champ de recherche « Chimie de l’environnement » était lancé.
 

Werner Stumm et Jerry Schnoor lors d'un travail de terrain au bord d'un lac acide au Tessin. (Photo : Eawag)

La construction et l'extension des stations d'épuration ne suffisent pas

Werner Stumm était convaincu que de simples stations d’épuration ne suffiraient pas à résoudre les problématiques de protection des eaux en Suisse. Il s’agissait, selon lui, plutôt d’une tâche perpétuelle. L’apparition de nouveaux polluants et produits chimiques a nécessité d’élaborer de nouvelles méthodes d’analyse plus sensibles. Là encore, l’Institut Eawag a joué un rôle important. Et il en a été ainsi jusqu’à aujourd’hui. Si les phosphates issus des détergents et de l’agriculture cristallisaient l’attention auparavant, aujourd’hui, ce sont les pesticides, les médicaments et les microplastiques. Surtout que l’eau est essentielle pour s’adapter au changement climatique.
 

L'équipe interdisciplinaire de l'Eawag a réalisé très tôt que les concepts de la chimie pouvaient en principe être appliqués à l'environnement et aux systèmes techniques.
L'eau y joue un rôle central.
(Illustration : Gregor Forster / Mise en page : Monique Borer)

Des spécialistes pour la pratique

Actuellement, l’Institut de recherche sur l’eau avec ses deux sites à Dübendorf et Kastanienbaum compte parmi les leaders mondiaux lorsqu’il s’agit de comprendre les systèmes aquatiques et de développer des solutions techniques pour améliorer la qualité de l’eau. Outre une orientation résolument tournée vers une recherche fondamentale interdisciplinaire et solide, l’Eawag a également, sous la houlette de Werner Stumm, renforcé la formation initiale et continue des spécialistes pour la pratique. L’Institut figure donc parmi les instigateurs de la filière de sciences naturelles de l’environnement à l’EPF de Zurich.

Werner Stumm aurait eu 100 ans en 2024. Avec sa distinction de site emblématique dans l’histoire de la chimie, l’Eawag a deux bonnes raisons de marquer le coup cette année. La cérémonie de ce jour est donc l’occasion de remercier l’ancien directeur pour ses bons et loyaux services et de dévoiler la plaque du Chemical Landmark. L’Institut de recherche sur l’eau fait la fierté de Dübendorf : « La recherche et la formation font partie de nos principales ressources », a déclaré le président du conseil municipal Patrick Schärli dans son discours. « Notre ville abrite plusieurs instituts célèbres. L’Eawag compte parmi les plus renommés ».

Photo de couverture: Le président du conseil municipal de Dübendorf, Patrick Schärli, dévoile la plaque par laquelle les Académies suisses des sciences naturelles (SCNAT) honorent l'Eawag en en faisant un Chemical Landmark, un lieu où l'histoire de la chimie a été et est écrite. A droite, le directeur de l'Eawag Martin Ackermann, à gauche le président de la SCNAT Philippe Moreillon. (Photo : Andres Jordi, SCNAT)